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Escalade Solaire Paradoxale

Publié le 23 mars 2014 par pmx

« La Peau est à l’image d’une étoffe précieuse,  à la fois robuste et fragile, drapant notre corps et notre MOI.  Elle tisse les frontières du temple de notre intériorité, ourlée d’une foultitude de boutonnières ouvertes sur notre berceau originel »1. Ce n’est pas seulement un organe de parure, c’est avant tout une interface interactive entre notre intériorité et notre matrice environnementale, c’est notre frontière unique avec le cosmos, elle est probablement née avec les premiers êtres unicellulaires. Une filiation ancestrale s’est tissée et va en partie expliquer  l’intimité relationnelle entre le Soleil et l’Homo sapiens, qu’il fût préhistorique ou contemporain. Ce rapport est présent depuis nos origines, il est ambivalent, à la fois  vital et risqué. Nous évoluerons dans  un mouvement équilibriste  face au soleil. Nous  devrons apprécier les effets positifs  bénéfiques et éviter les effets négatifs ; en quelque sorte il nous faudra résoudre l’équation suivante : comment se faire plaisir sans périr ? Nous avons survécu par ignorance sanitaire  à l’impact bénéfique de ce lien sur notre évolution morphologique, physiologique, et aujourd’hui nous  nous dirigeons vers « l’abîme » dirait Edgar Morin, malgré la  saturation de notre connaissance des risques sanitaires. Aujourd’hui de façon paradoxale malgré une éducation à la Santé, l’Homo Sapiens des temps postmodernes avance dans une dynamique de  soumission solaire et  s’inscrit dans une spirale consumériste excessive, déconnectée de son biotope originel. Notre société « marchande » caractérise cette fuite accélérée de la temporalité. Nous sommes dans la culture du temps réduit, du temps comprimé ou zippé. Et par voie de conséquence du « Chrono Loisir » si cher à Gilles Lipovestky2, pouvant expliquer la prolifération et la fréquentation des centres de bronzage urbains. Cette forme de consommation artificielle résulte de l’externalisation de nos fonctions physiologiques initiales : se mouvoir, se nourrir, mémoriser, et compresser le temps. La sensation de chaleur pourrait être assimilée  à un besoin physiologique comme  la notion de faim ou de soif. La consommation solaire est progressive au début, naïve, professionnelle, ludique, en quelque sorte naturelle. Le plaisir intense ressenti propulsera dans un deuxième temps le consommateur dans une spirale  solaire effrénée, non maitrisable jusqu’à « l’overdose solaire ».

Notre Peau est aujourd’hui plongée dans la nébuleuse de l’hypermarché du paraitre, devenue ainsi « dépendante ». Il est impératif d’exprimer un visage jeune et pétillant   permanent. Le bronzage donne cette illusion.

Nous évoluons dans un temps médical adaptatif  à notre iatrogénie comportementale, le paradoxe est que nous soignons les conséquences de nos  excès tous azimuts.

Le temps est venu de réorienter notre discours dans le sens de « l’Ecologie médicale comportementale ». La santé ne concerne pas seulement la gouvernance thérapeutique standardisée, mais surtout la mise en place d’une stratégie anticipatrice à la maladie en initiant un respect « symbiotique » entre les milieux : naturel,  artificiel et organique

Ce propos ne se veut en aucun cas le chantre  thérapeutique moralisateur et culpabilisateur. Désormais je privilégie une  dynamique pédagogique d’accompagnent  en misant sur une  éducation préventive précoce. Il ne faut pas évoluer vers une hyper-médicalisation  anxiogène de notre quotidienneté. Il me semble de bon aloi de réinventer un comportement  sanitaire notamment solaire responsable, agréable, ludique mais adapté, enseigné et non risqué.

Nous pouvons nous faire plaisir  sans se flétrir et sans périr. Il ne s’agit pas de se cloitrer.

Patrick Moureaux

1 Le Soleil dans la Peau. Patrick Moureaux.  éditions Robert Laffont

2 Le bonheur paradoxal. Gilles Lipovetsky. Folio essais

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Les Frontières des Canons de la Beauté bougent.

Publié le 12 janvier 2014 par pmx

Henry Moore

Notre regard est conditionné par nos origines géographiques,  notre culture,  les influences médiatiques circonstancielles,  éphémères, changeantes  et délétères.  Nous observons « sous influence », et ce, dans notre quotidien le plus banal, et  nous ne soupçonnons pas les répercussions imprimées  sur la définition  mentale des critères de la BEAUTE.

Ainsi,  pays,  continents,  cultures,  médias,  comportements individuels, vont interférer sur la lecture épidermique. La viralité médiatique va instiller  un mimétisme esthétique académique, occidental, planétaire, absolu,  devenant ainsi l’unique référence.

La Peau  est le reflet instantané de notre essence même,  de nos origines,  de notre affect,  de notre bonheur,  de nos tourments,  de nos influences et de nos comportements. Elle code, reçoit, émet, et se connecte à son biotope sociétal contemporain. « L’individu est une unité, indissociable du corps en interaction avec le monde (milieu culturel, social, familial, historique, etc.) qui le contient »  selon les termes de Michel Onfray.

L’épiderme est un spectacle permanent,  vivant mais éphémère. La Peau serait l’actrice  éternelle,  la mise en scène serait réalisée par un public exigent.  Nous sommes captifs de ce FORMAT esthétique occidental.  Nous évoluons dans une dynamique DISCRIMINATOIRE du « paraître »  Le regard collectif  valide ces différentes composantes,  les influence,  les pérennise et les diffuse en favorisant ces attitudes excessives et soumises.

Aujourd’hui les ethnies minoritaires accèdent et remportent les concours de beauté, une Ethiopienne est élue miss Israël, miss América est d’origine Indienne, elles écrivent les nouvelles pages de l’histoire de la BEAUTE, en redessinant les frontières des canons de la beauté, diluant ainsi l’hégémonie mimétique «  plastique » occidentale. Des top models noires lors de Fashion Week de Paris revendiquent plus de diversité chromatique sur les podiums, et militent pour exprimer ce droit dans des organisations comme  « Diversity Coalition ». La peau organe ô combien essentiel et existentiel,  exprime à ciel ouvert le manuscrit éphémère de notre existence, la surface signe la réalité profonde. «  Ce qu’il y a de plus profond en l’Homme c’est la Peau » écrivait Paul Valery en 1931 dans « L’idée fixe » corroborant ainsi l’impérative nécessité d’un regard « ouvert » sur notre apparence naturelle dirait François Cheng dans son livre «  Cinq méditations sur la beauté ».

Patrick Moureaux

François Cheng. Cinq méditations sur la beauté. Le livre de poche, 2010

Patrick Moureaux. Le Soleil dans la Peau. Robert Laffont, 2012

Courrier international. N° 1207-1208  décembre 2013, Les nouveaux canons de la beauté

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LA SOCIETE POSTMODERNE ET SON IMAGINAIRE

Publié le 04 novembre 2013 par admin

Titre:  » LA SOCIETE POSTMODERNE ET SON IMAGINAIRE « 
 Lieu: AUDITORIUM DE LA CHAPELLE DES CARMES A VANNES
Conférence organisée par Patrick Moureaux et  animée par Michel Maffésoli, sociologue à la Sorbonne. « Notre société postmoderne est marquée par la valorisation de “tout ce qui est proche”, du local, de l’importance du quotidien, du culte du corps, du qualitatif, de la créativité, du retour de l’émotionnel, mais également par de nouvelles formes de solidarité communautaire, le sentiment d’appartenance tribal, et par une sensibilité écologique redonnant force à l’étroite liaison existant entre environnement social et environnement naturel. »

Heure début: 20:30    Date: 2013-11-22

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Désormais nous devons penser GLOBAL

Publié le 17 avril 2013 par pmx

Je vous livre quelques lignes de mon essai scientifique transdisciplinaire, grand public intitulé « LE SOLEIL DANS LA PEAU » publié chez Robert Laffont 2012.

« L’homo sapiens des temps postmodernes  évolue dans une société stressante et anxiogène favorisant un comportement addictogène. Il est  pressé, compressé, oppressé, harassé, phagocyté par sa quotidienneté. Notre comportement  contemporain se singularise  par son EXCES gadgétisé, dé-naturé face à l’abîme annoncé ; c’est le toujours plus dans la consommation formulée. La connaissance contemporaine se caractérise par sa représentation essentiellement PARCELLAIRE, experte, ésotérique, et intouchable, mais au demeurant SUPERFICIELLE.  Aujourd’hui le PENSEUR évolue dans les strates complexes du savoir, il doit transfixer ce magma et émerger   pour nous offrir l’accès à une connaissance lisible, allégée  et assimilable, pour ne pas devenir  une espèce  en  voie  de  disparition. Désormais nous devons penser  GLOBAL.1

1 « LE SOLEIL DANS LA PEAU »  Patrick Moureaux, Jean- Marc Bonnet-Bidaud, Alain Froment, Aymeric Petit. éditions Robert Laffont 2012

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