Archive | ANTHROPOLOGIE

Liberté, Egalité, Préjugés

Publié le 07 mai 2017 par pmx

La couleur habille la vie sous toutes ses formes, minérales, végétales, animales. La palette colorée relève d’une fonction vitale  imprimée par l’environnement originel.     Le soleil nous a sculptés génétiquement et morphologiquement à distance. C’est un puissant facteur de la diversité chromique visible, mais c’est aussi un grand  fauteur de la discrimination ethnique et sociale. Il est difficile d’échapper à cette ambiguïté. La  couleur de Peau a influencé des idéologies politiques, qui elles mêmes impactent nos comportements. Notre regard est conditionné par nos origines géographiques, notre culture, les influences médiatiques circonstancielles, éphémères, changeantes et délétères. Nous observons sous influence et ce dans notre quotidien le plus banal, et nous ne soupçonnant pas les répercussions imprimées sur notre  perception culturelle de la teinte épidermique.

La Mélanine, pigment chimique ubiquitaire dans le monde vivant, imprime notre couleur de peau, elle présente deux visages comme Janus, à la fois protecteur et destructeur car potentiellement discriminatoire.

Ce pigment noir a donné naissance à des théories raciales ancestrales, fatales mais toujours d’actualité, qu’il nous faut à tout jamais atomiser.  L’exposition temporaire du Musée de l’Homme propose une pédagogie éducative  de la notion de la couleur de la Peau  intitulée : Nous et les Autres, des préjugés au racisme.

http://www.museedelhomme.fr/fr/pourquoi-nait-couleurs-peau-differentes

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LE TABAC : « LE VOLEUR DE BEAUTE »

Publié le 06 novembre 2016 par pmx

L’opération MOI(S) sans tabac vient d’être lancée pour tout le mois de novembre en France. En matière de santé publique ce projet est original, car il est multipartenariat et s’inscrit dans le durable, pour optimiser le succès de l’arrêt du tabagisme. A Vannes la CPAM du Morbihan a lancé le pari de sensibiliser les jeunes sous le prisme de l’impact du tabagisme sur leur apparence, ô combien essentielle aujourd’hui. Aussi nous avons échangé sur cette thématique avec 150 élèves du CFA de Vannes le jeudi 27 octobre pour la 1ère conférence, 2 autres sont programmées pour rencontrer 500 élèves durant tout le mois de novembre. Consommer, surconsommer, c’est se consumer et voir sa Peau vieillir sur le mode turbo-accélération. Le paraître est devenu un élément majeur pour le réussite d’ un entretien pour un stage ou intégrer un emploi. La Peau est un livre à ciel ouvert où nos consommations sont révélées et lisibles, donc visibles. Pour JF Amadieu, sociologue, le recrutement se transforme en « concours de beauté ». Le temps est venu de « concilier le bon et le beau », devise de Thibaut Ruggeri. Le vital doit guider nos choix, pour ne pas subir le fatal. Ayons « le souci de soi ». Optons pour une consommation sanitaire frugale, plaidons pour une « sobriété heureuse » dirait Pierre Rabhi.
Alors Osons ! : Patrick Moureaux, aux éditions Amalthée

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« L’étonnant pouvoir du Soleil »

Publié le 21 janvier 2016 par pmx

A paraître en Librairie lundi 25 janvier 2016 aux éditions du Palio.

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COURIR et MEDITER

Publié le 12 octobre 2015 par pmx

Photo de Hans Silvester  : le Peuple de l’Omo

Courir fut  la première fonction de notre bipédie, bien avant la marche pour survivre dans une savane  ensoleillée et  risquée, il y a 200000 ans en Afrique dans la vallée de l’Omo. Nous nous sommes présentés déjà en « Homme pressé ». Notre anatomie  pédestre originelle  demeure dans nos foulées de coureurs à pied des temps postmodernes, gadgétisés, urbanisés, connectés.

Courir n’est pas qu’un acte musculaire, c’est se glisser dans une parenthèse hors temps  nous hissant dans un instant de lévitation.

Courir c’est transcender une quotidienneté stressante, harassante, déprimante, terrassante et anxiogène.

Courir c’est se déconnecter d’un GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) si vampirisant  et façonnant nos vies.

Courir c’est se re-lier aux autres, à la tribu humaine, vitale pour notre survie, afin de ne pas se diriger vers l’abîme.

Courir c’est se re-connecter à « Mère Nature », s’enivrer de ce cocktail sensoriel au contact des éléments naturels : froid, soleil, pluie, vent, etc.

Courir c’est se faire plaisir sans sombrer dans l’addiction ô combien risquée pour  votre mécanique et ne pas sombrer dans une obésité consumériste sanitaire délétère.

Courir c’est se plonger dans son intériorité et se découvrir.

Courir c’est participer, s’engager, s’associer, aider, soutenir, se dépasser, être dépassé, comprendre, tolérer, se fondre dans le Tout, apprécier, remercier.

Courir c’est prendre conscience du bon fonctionnement de sa machinerie organique, tellement synchrone depuis la nuit de nos origines.

Courir c’est perpétuer le mouvement initial Darwinien qui nous a propulsé là où nous sommes arrivés aujourd’hui, c’est à dire  au carrefour  de notre évolution anthropologique, sociologique e psychologique.

Alors devenez le Magicien de votre corps et de votre Vie écrirait Sylvie Liger.

Patrick Moureaux

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DIGITAL INTOX ou ADDICTION AU 24/7

Publié le 14 juin 2015 par pmx

L’Homo sapiens des temps postmodernes est plongé dans la nébuleuse paradoxale consumériste. Il est à la fois consommation et consumation.

Sa quotidienneté évolue dans cet océan digital dont le niveau ne cesse de l’engloutir dans un existentiel alourdi  devenu pathogène.

Il se déleste avec une vélocité frénétique et dramatique de son intériorité secrète, unique, vibrionnante et vitale. Il est soumis à une uniformité extérieure et intérieure, à la fois superficielle et profonde concoctée par le «  capitalisme de l’attention » insidieux et tentaculaire.

Nos vies sont sculptées au burin digital par les mêmes architectes transfrontaliers, globaux, mondiaux voire bientôt interplanétaires qui ne cessent d’œuvrer pour rendre le temps du cerveau humain plus disponible à toute forme de consommation. L’Homme est l’animal du « toujours plus » et du jamais ça me suffit. Le  Googleplex californien concocte dans le secret des dieux l’évangile du futur, que nous lisons déjà  aujourd’hui : http://www.wedemain.fr/Je-reviens-de-la-Singularity-University-la-fabrique-du-futur_a1064.html,

Toute cette organisation sociétale digitale  planétaire se répand au-dessus de nos cerveaux bientôt clonés, pilotés, maitrisés, domestiqués et devenus tellement dociles. Le e-Homo sapiens consacre en moyenne 3H25/J de son temps quotidien  devant un écran qui le fait surfer sur les vagues de la consommation optimale, le conduisant vers une véritable dépendance temporelle, différente de la cyber-dépendance.

Les nouvelles techniques de communication et d’information s’immiscent insidieusement dans la totalité des sphères de notre quotidienneté en re-définissant à la fois la notion d’espace et de temps. http://www.columbia.edu/cu/arthistory/faculty/Crary.html. L’OPA sur notre quotidien est enclenchée et organisée par le Big Brother GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple). 1984 s’installe avec la vélocité d’un nanotemps dirait Paul Virilio, « le philosophe de l a vitesse ».

Le temps digital est extensif, notre dépendance numérique devient chronophage aux dépends de notre patrimoine émotionnel, affectif et naturel. Il génère une homogénéisation  des comportements consuméristes pluriels, guidée  par une soumission digitale Houellebecquisée phagocytante et consentie. L’ambivalence humaine doit s’approprier un équilibre supportable entre tradition et high tech pour ne pas nous diriger vers l’abîme de l’insoutenable.

L’interactivité humaine initialement promise n’est pas au rendez-vous. La non-connection  décisionnelle verticale monolithique à  la réflexion innovante  horizontale demeure. Le futur sera une étape Darwinienne de notre survie, et nous y sommes déjà.  Mais « Il faut se donner les moyens de se poser en artisans d’un avenir choisi et non en victimes d’un futur subi » écrivait Hugues de Jouvenel dans les colonnes de la revue : Futuribles, contraction de « Futurs possibles ».

Patrick Moureaux

Bibliographie :

  1. De la légèreté, Gilles Lipovetsky. Grasset 2015
  2. 24/7 Le capitalisme à l’assaut du sommeil, Jonathan Crary. ZONES 2014
  3. Désobéir, Henry David Thoreau. L’Herne 2014
  4. 1984, Georges Orwell. Folio
  5. Alors osons!, Patrick Moureaux. Amalthée 2012

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HOMO POLITICUS : UN DRAME ANTHROPOLOGIQUE CONTEMPORAIN.

Publié le 11 novembre 2014 par pmx

 

Les capacités de coopération  auraient permis à l’Homo sapiens de devenir une espèce animale dominante sur Terre. Malheureusement une variante  émergea au sein de notre hexagone, homo politicus, dotée d’une capacité prédatrice singulière et absolue sur ses propres congénères. Elle demeure campée sur sa canopée originelle, protégée, dorée, et n’osant en aucune circonstance  descendre dans la savane du citoyen-sapiens, ô combien risquée. Elle s’organise en « tribus », clans, castes, réseaux, tous connectés  pour virtualiser une organisation extensive et expansive. Le système s’est « Orwellisé »  insidieusement dans une organisation hiérarchique  verticale, monolithique, idéologique, mimétique, génétique, mais aujourd’hui archaïque, obsolète et  délétère. 1984 c’est déjà  maintenant !

Cette variété mutante a façonné  unilatéralement un biotope socio-anthropologique  figé, pillé, maltraité ; momifiant toute métamorphose salvatrice proposée par la réflexion plurielle, collective, massive, par le reste  du troupeau  parqué dans un enclos de soumission. Les projets évolutifs darwiniens  de gouvernance de l’espèce sont exprimés et édités par cette autre branche, horizontale, innovante et vibrionnante, mais non entendue, non reconnue. Notre  fossilisation sociétale  prématurée est assurée, organisée par ce pouvoir vertical, qui propose une seule et unique  thérapie collective ciblée sous le nom de réforme, médicament politique placébo  à la date de péremption dépassée depuis moult temps.  Il clame notre  résistance thérapeutique pour se soustraire  aux effets secondaires générés par une incompétence reproductible, sans rivale. Alors il invente des peurs, des imaginaires contagieux perfusés en continu par les flux magmatiques clonés  des médias. Nous sommes plongés dans l’océan des « immédiatetés successives », additives, addictives, nous diluant dans notre temps collectif. Le citoyen-sapiens s’est naturellement doté depuis ses origines : « d’empathie constructive », de « sobriété  volontaire », d’esprit collaboratif, de facultés adaptatives, de «  bon sens ». Toutes ces fonctions  acquises  dans le temps  et collectives  contribuent à sa survie. Il met tout en œuvre pour  ne pas être dirigé vers « l’abîme », dirait Edgar Morin. Il n’est pas « déclinologue » dans son  essence originelle, il est évolutif et constructeur. Il se situe  aux antipodes  de l’immobilisme de l’esprit décisionnel, demeuré bloqué sans  avoir encore atteint le stade de la bipédie pensante pratique. Oui, le poids himalayesque des diplômes dorés, garnis, choisis,  imposés, transmis, intimistes, donnés, offerts, freinent toute vélocité adaptative de cette catégorie, et la propulserait vers une extinction programmée. Auto-élimination, peut-être rédemptrice ou fatale pour le groupe ? Oui, en tout état de cause,  notre issue  favorable passera par   la «  co-évolution »  de toutes les entités physiques qui se délesteront de toute « étiquette idéologique » nuisible et inutile. Ce sera un élément moteur et fédérateur d’une évolution choisie, adaptative, collective et non destructrice. Le curseur des forces motrices entre la réflexion verticale et la décision horizontale doit impérativement  être corrigé, équilibré en les combinant sans clivage  de façon durable.

A quand « un paléoanthropologue dans l’entreprise »1 France ?

1 Pascal Picq. Un paléoanthropologue dans l’entreprise. Editions Eyrolles

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LA CONTAGION DES IMAGINAIRES : LECTURES CAMUSIENNES DU RECIT D’EPIDEMIE CONTEMPORAIN. Thèse de AURELIE PALUD 2014

Publié le 06 novembre 2014 par pmx

Le texte suivant est un résumé de l’auteur. Ce travail exhaustif est porteur d’un regard innovant à la fois pour le scientifique et le littéraire, et qui plus est aujourd’hui, avec les épidémies contemporaines, le Sida, Ebola. http://www.theses.fr/2014REN20016

Cette thèse a retenu un intérêt tout particulier sur France Culture : http://www.franceculture.fr/emission-les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance-epidemies-44-la-peste-de-camus-recit-d%E2%80%99une-epidemie

 « Ma réflexion s’ancre dans un double constat : le développement de la fiction d’épidémie dans les années 1980 et la moindre reconnaissance d’une oeuvre canonique mais figée dans sa lecture allégorique : La Peste de Camus. Mon projet de recherche se fonde sur la volonté d’ériger le récit d’épidémie en genre à part entière et sur l’hypothèse d’une intertextualité camusienne dans le récit contemporain. Travaillés par cette forme de contagion, les récits du corpus (García Márquez, Le Clézio, Stewart O’Nan, Saramago, Goytisolo) autorisent une approche « allégorique » au sens où Walter Benjamin entend ce terme : écriture de la ruine, de l’éclatement et de la fuite du sens. En retour, cette relecture de La Peste à l’ère contemporaine doit favoriser une approche renouvelée du roman. Plus largement, il s’agit d’évaluer dans quelle mesure la contagion est une métaphore pertinente pour représenter le phénomène littéraire. De fait, le récit d’épidémie se présente comme un espace dialogique où s’entrelacent l’imaginaire de l’auteur et des imaginaires sociaux variés, notamment celui de la « crise postmoderne ». On peut alors considérer ces fictions allégoriques comme des « forme-sens » puisque la contagion y constitue à la fois un thème, un principe esthétique et un enjeu éthique. De ces multiples interactions entre le réel et la fiction émerge alors une dernière forme de contagion : celle qu’implique l’acte de lecture. Dans quelle mesure le lecteur contamine-t-il l’oeuvre ? Comment la fiction peut-elle constituer un « pharmakon » face à la « crise » du monde contemporain ? Aurélie Palud. »

Excellente lecture.

Patrick Moureaux

 

 

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ADDICTION SOLAIRE ou « Le Soleil dans la Peau »1

Publié le 26 juin 2014 par pmx

 

L’ADDICTION SOLAIRE, est-ce une nième ADDICTION ? A-t-elle des fondements clinico-biologiques ? Notre société postmoderne et son imaginaire soufflent-ils un vent d’anxiété à haut pouvoir addictogène ?  Le Soleil fait partie intégrante de notre vie et peut non propulser dans un comportement sanitaire excessif, inadapté, voire addictif.

 

Lien anthropologique : Le Soleil,  à la fois divin et démoniaque

C’est une Etoile parmi les milliards  peuplant  notre Univers cosmique, nous sommes dépendants de cette unique galaxie. Cet astre brille de tout son paradoxe, par  son éloignement, situé à 15O millions de kms au dessus de notre épiderme, et sa proximité, car son rayonnement se propage et nous impacte en moins de 8 mn,  au terme d’un nano-voyage inter galactique. Le Soleil nous caresse et nous transperce.

Le Soleil a été un élément déterminant dans l’apparition de la vie sur Terre et  a catalysé notre chronobiologie Darwinienne, notre évolution biologique, nos flux migratoires. Le Soleil nous a sculpté génétiquement et morphologiquement à distance. Le Soleil est un puissant facteur de la diversité chromique visible, mais c’est le grand fauteur de la discrimination ethnique et sociale.

L’Homo Sapiens est né sous le soleil Africain, il y a 200.000 années ; c’est un animal de la chaleur dirait Alain Froment, Anthropologue. Notre TNT, ou température de neutralité thermique idéale est 26°, nous permettant de ressentir ni froid, ni chaud à l’extérieur.

Le Soleil représente un véritable besoin physiologique primaire et probablement génétiquement codé, à l’instar des autres besoins vitaux, la faim, la soif. « L’Homme a sauvé sa Peau grâce à sa Peau » dirait Jean –Marc Bonnet-Bidaud Astrophysicien. Il n’en demeure pas moins l’animal du « toujours plus », aux comportements sanitaires délétères. Cette filiation ancestrale explique l’intimité  relationnelle entre le Soleil et l’Homme depuis nos origines jusqu’à nos comportements hyper-consuméristes contemporains et postmodernes.

Cette dualité est ambivalente, à la fois vitale et risquée. Nous sommes contraints d’adopter une attitude d’équilibriste entre se faire plaisir sans rougir, sans flétrir et sans périr. Le Soleil, élément naturel vital, s’est métamorphosé en produit banal de la marchandisation de notre société de turbo-consommation  hypermoderne.

L’addiction est-elle inscrite dans notre génome depuis le début du « grand récit » ? terme emprunté à Michel Serres.

 

Est-ce  une addiction ?

La notion d’addiction au bronzage ou tanorexie est décrite pour la première fois en 2000, par Le Dr Carolyn J. Heckman² dermatologue à Philadelphie. Il s’agit d’une addiction comportementale sans substances chimiques. Notre Peau est aujourd’hui plongée dans la nébuleuse de l’hypermarché du paraître, devenue ainsi « DEPENDANTE ». Il est impératif d’exprimer un visage jeune et pétillant   permanent. Le bronzage donne cette illusion. Notre représentation narcissique est sous influence. Les sensations de bien être, procurées par l’exposition solaire naturelle ou artificielle  propulsent le consommateur dans une spirale consumériste, compulsive infernale,  croissante  et non maitrisable, ritualisant sa vie, et ce, malgré la connaissance des risques encourus, photo-vieillissement précipité, cancers cutanés, répondant ainsi à la notion d’addiction comportementale. Nous sommes dans  un dynamique HEDONISTE, relevant de la culture de « l’IMMANENCE ». Le scénario est le même, que l’addiction soit chimique ou comportementale. Nous assistons à la mise en place d’une triade reproductible décrite par le Dr William Lowenstein3 : consommation, abus et dépendance. On ne devient DEPENDANT que de ce qui nous fait PLAISIR selon le Docteur Aymeric Petit4, Psychiatre-Addictologue. Nous ne devenons addicts   au soleil qu’ après avoir ressenti, intégré et mémorisé   dans les suites d’une exposition solaire ritualisée, l’effet déstressant, apaisant, euphorisant, dopant ; Docteur, « le soleil ça me donne le moral », «  le soleil me fait du bien », puis plus tard « le soleil, je ne peux pas m’en passer, c’est ma DROGUE ». L’addiction solaire touche les femmes  entre 25 e 3O ans. Des grilles d’évaluation initialement mises au point pour la dépendance à l’alcool, ont été modifiées (le m CAGE et le m DSM) pour   permettre  d’évaluer la dépendance au bronzage.

Comment devient-on accroc du bronzage ?

Nous ne devenons pas « accroc » au soleil de but en blanc, ce comportement nait au sein d’un environnement socio-culturel  prédisposant, offrant tous les ingrédients  nécessaires à son expression.

Le mimétisme comportemental est déterminant. Les études démontrent l’influence maternelle dans l’addiction solaire, le sexe ratio est de 5.3 femmes pour un homme. Les jeunes filles,  évoluant dans un biotope favorable, avec un mode de vie orchestré par les mamans ont un risque addictif multiplié par 3;  vacances au soleil, loisirs sous le soleil, pratique du bronzage artificiel, peau toujours bronzée, garde-robe colorée et  lumineuse, et morphologie très svelte, il s’y associe souvent un tabagisme concomitant. Les neurones miroirs contribuent à catalyser cette attitude.

L’influence socio-culturelle  joue un rôle majeur, par la diffusion des  canons de la beauté  au sein des revues spécialisées, de la force de frappe en marketing des centres de bronzage,  en utilisant les nouvelles techniques d’information et de communication, notamment en proposant des prix étudiants par SMS ,  et en s’inspirant des techniques du neuro-marketing.

La notion de nano précocité, et la chronologie de l’instantanéité, redéfinissent le plaisir, qui ne peut attendre, « c’est le tout,  tout de suite » le bronzage doit être lisible immédiatement et en permanence, corroborant la fréquentation assidue des cabines UV. Nous évoluons dans une société stressante, harassante, hérissante, oppressante, usante, vampirisante, anxiogène, déprimante et donc addictogène. Aux USA, l’âge moyen d’accès aux UV artificiels est 14.7 ans, 25% des étudiants se disent accros des UV.

Le support neurobiologique est validé par l’ intimité originelle qui  lie le cerveau et la peau. Ces deux organes sont issus de la même matrice souche ; l’ectoblasme et se différencient durant le développement embryonnaire. Les travaux des explorations en imagerie fonctionnelle mettent en évidence la connexion   entre des récepteurs des kératinocytes de l’épiderme et les terminaisons nerveuses émises par le cerveau qui viennent les coiffer. Y aurait-il comme certains le prétendent un cerveau central, l’encéphale et un cerveau périphérique, la peau ? Des neuromédiateurs identiques (endorphines)  sont secrétés à la fois par l’un et l’autre sous l’effet d’un stimulus, les UV dans le cas particulier. Ces réseaux gèrent un plaisir « opiacés-like » via des voies chimiques dopaminergiques  et connectives imbriquées, relevant d’une alchimie complexe, intrinsèque et extrinsèque.

La peau libère  des endorphines au contact des UV, renforçant la notion de plaisir médié par la dopamine au niveau du cerveau, à l’image des opiacés, initiant une tolérance imposant des expositions solaires démultipliées en nombre de séances et en temps, traduisant ainsi la physiologie possible de la notion d’addiction comportementale.

Comment sortir de cette addiction ?

Les solutions thérapeutiques ne sont pas standardisées en raison de la difficulté de traduire la réalité  nosologique psychologique  de l’addiction solaire, elle peut être assimilée à un trouble du contrôle des impulsions.  La stratégie thérapeutique  se situe à deux niveaux : préventif et curatif.

Il est impératif de tout mettre en œuvre pour ne pas rentrer dans l’addiction, en instaurant une pédagogie préventive précoce de toute addiction. Pédagogie, adaptée, consensuelle, inter-disciplinaire, organisée, à chaque niveau scolaire, collège, lycée, et les deux années post-bac. Un triptyque articulant : parents, professionnels de la Santé, et de l’enseignement veillera à sa diffusion.

Le biotope familial devra être conscient de réduire tout comportement  visible et lisible, à haut risque sanitaire afin de minimiser toute reproduction de la part de l’adolescent.

Une législation rigoureuse doit enfin maîtriser l’accès aux centres de bronzage à l’instar des dispositions  émises dans le 3ème Plan Cancer. Les UV sont considérés par l’OMS comme des agents cancérigènes de niveau 1, potentialisant le risque de cancers cutanés5.

Le deuxième volet est curatif, en utilisant les Techniques de thérapie  cognitives et comportementales  sur une longue période  (au moins six mois). Elles sont basées sur l’accès par paliers intentionnels progressifs à une motivation exprimée et assistée, conduisant le patient à la cessation de toute exposition solaire pathologique. Cette stratégie par étapes cycliques se caractérise par une succession de niveaux connectés, codés que sont : négation, intention, motivation, action, consolidation, et malheureusement à tout moment précipitation dans la rechute. L’accompagnement du patient par une équipe psychologique entrainée sera le garant de la pertinence de son sevrage.

Conclusion

Le Soleil, par sa double face digne de Janus, est fait  de  zones d’ombre représentant les  risques sanitaires, et de zones de lumière nous enveloppent d’un bien être naturel, accessible pour tout un chacun, et peut  nous conduire dans la sphère du PLAISIR, nous déroutant du lien naturel essentiel, ancestral et vital. Notre désir de simple humain est surtout de ne pas vouloir périr, alors osons innover un double comportement protecteur personnel et collectif.

A titre individuel,  il vous incombe d’organiser votre vie ludique  solaire  dans votre quotidien  banal ou  exotique. La solution n’est pas monacale, une attitude enseignée et équilibrée, responsable  sera globalement bénéfique, elle peut s’appliquer aux autres sphères de votre vie sanitaire.

Au niveau collectif, notre soif consumériste nécessite une réévaluation éduquée et orientée de nos besoins de Santé. L’Homo Sapiens est l’animal du toujours plus. Aujourd’hui  transformons ce plus, il doit expressément être cultivé dans sa définition existentielle afin de poursuivre un chemin évolutif et non addictif.

Cette réflexion est née de notre essai scientifique interdisciplinaire, associant ; astrophysicien, anthropologue, dermatologue et psychiatre-addictologue. Le livre intitulé «  Le Soleil dans la Peau », est édité chez Robert Laffont.  Il vous invite à  un voyage Darwinien au cœur de votre odyssée évolutive, au sein de rapport Soleil et Peau, ouvrant la « VOIE » à un comportement naturel, délesté de tout influence  culturelle. « L’Homme est culturel par nature et naturel par culture », dirait Edgar Morin.

Dr Patrick Moureaux

SOS ADDICTIONS : http://sos-addictions.org/

Réseau Mélanome Ouest : http://www.reseau-melanome-ouest.com/

1 Le Soleil dans la Peau. Patrick Moureaux, Jean-Marc Bonnet-Bidaud, Alain Froment, Aymeric Petit, éditions Robert Laffont 2012.

2 Heckman CJ, Egleston BL, Wilson DB, et al. A preliminary investigation of the predictors of tannning dependence. Am J Health Behav 2008 ; 32 (5) : 451-464

3 Dr William Lowenstein. Ces dépendances qui nous gouvernent Comment s’en libérer? Le Livre de Poche, 2007

4 Petit Aymeric, Richoux C, Lejoyeux M. L’excès de bronzage peut-il mener à la dépendance ? Alcoologie et Addictologie 2011 ; 33(3)

5  www.reseau-melanome-ouest.com

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Albert Camus, ou l’Addiction textuelle Solaire

Publié le 29 mars 2014 par pmx

                            Dessin de  Emmanuel Prost.

 Toute la littérature d’Albert Camus infuse de la chaleur, diffuse de la lumière et brille  de  tout soleil. Il n’a cessé à travers son œuvre de célébrer le lien ancestral ambivalent unissant le Soleil et l’Homme, fait d’ombre et de lumière. Le destin de l’homme est scellé par cette filiation originelle. Une intimité vitale solaire s’est nouée depuis nos origines, allant jusqu’à nous sculpter morphologiquement  depuis nos origines, au gré de notre odyssée darwinienne. La vie, engendrée par ce miracle solaire a façonné notre cocon naturel matriciel, ô combien essentiel  pour notre devenir. Camus est habité par cette philosophie solaire dans chaque atome de son être dirait Teilhard de Chardin. Il vit le soleil dans son entièreté, à la fois épidermique et intellectuelle. Il substitue le crayon au pinceau et nous invite à un voyage pictural  dans Noces à Tipasa, nous précipitant dans une overdose aromatique. C’est un plongeon dans un océan végétal polychrome, à l’image des corps brunis, cuivrés, sur les plages d’Alger. « C’est le grand libertinage de la nature et de la mer qui m’accapare tout entier »  écrit-il, évoquant  « un alcool généreux montant sur toute l’étendue du monde ». Sa vie est orchestrée par cette symphonie naturelle, simple, spontanée, normale, non contaminée par un culturel pléthorique. « Heureux celui des vivants sur la terre qui a vu ces choses », propos qu’il emprunte à Déméter et il poursuit « voir et voir sur cette terre, comment oublier la leçon ? »  L’Homo Sapiens des temps postmodernes, gadgétisé, urbanisé, dé-naturé, s’est dé-connecté de sa matrice bienfaitrice. L’homme contemporain a banalisé ce rapport au soleil. Le soleil a été  culturellement métamorphosé en produit de marchandisation du paraître, nous conduisant naturellement vers l’abîme consumériste délétère. Albert Camus exprimait une réalité anthropologique vitale, à la fois naturelle et culturelle entre la peau et le soleil dans ses essais publiés en 1938 ; L’été à Alger : « L’évolution du corps comme celle de l’esprit a son histoire, ses retours, ses progrès et son déficit. Cette nuance seulement : la couleur. Quand on va pendant l’été aux bains du port, on prend conscience d’un passage simultané de toutes les peaux du blanc au doré, puis au brun, et pour finir à une couleur tabac qui est à la limite extrême de l’effort de transformation dont le corps est capable. »

C’est en s’enivrant de cette littérature, qu’il nous faut réinventer une philosophie solaire actuelle, réveillant cette cognition primitive matricielle en nous délestant de ce regard marchand et sous influence. La beauté doit transcender, dirait François Cheng, toute empreinte plastique formatée, imposée, déposée et supposée. Eveiller en nous cette fusion nature /culture atomisera toute dépendance chimique ou comportementale  et synthétisera une alchimie vitale salvatrice. Devenez votre propre chef d’orchestre, écrivez votre propre symphonie quotidienne en harmonie avec votre intériorité et votre entièreté. Cette volonté camusienne sera l’essence même de votre existence. Le Soleil, c’est ressentir un plaisir sensoriel, élémentaire, mais surtout pas addictif.

Patrick Moureaux

Albert Camus. Noces suivi de L’été. folio

Patrick Moureaux. Le Soleil dans la Peau. éditions Robert Laffont

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La Nano-Précocité Comportementale

Publié le 25 mars 2014 par pmx

« Être, c’est être maintenant », écrivait Marcel Conche. L’immanence, « le  tout, tout de suite », expriment les nouveaux crédos de l’homo « consumérans »1  des temps postmodernes2  qui évolue dans son nouveau biotope sociétal, qu’est le présentéisme. La société du désir, du plaisir, de la jouissance, du jeu, des « affoulements », des «  tribus »  nous convoque dans une consommation  immédiate et de plus en plus précoce, au risque de nous consumer prématurément. « La Peau est à l’image d’une étoffe précieuse,  à la fois robuste et fragile, drapant notre corps et notre MOI.  Elle tisse les frontières du temple de notre intériorité, ourlée d’une foultitude de boutonnières ouvertes sur notre berceau originel»3. Notre Peau est aujourd’hui plongée dans la nébuleuse de l’hypermarché du paraitre, devenue ainsi « DEPENDANTE » de la turbo-marchandisation globale, et d’une nano-chronologie  vertigineuse dirait  le philosophe de la vitesse Paul Virilio, comme si le temps s’accélérait4.

Il est impératif d’exprimer un visage jeune et pétillant de façon durable. Le bronzage donne cette illusion. Notre représentation narcissique est sous influence, induisant ainsi une dépendance à l’origine d’une consommation solaire croissante, naturelle ou, et artificielle. Notre image esthétique est sublimée, nous imprimant ce syndrome du double miroir à la fois pour soi même et pour les autres. La sensation de bien être que procure l’effet solaire accentue ce besoin et conduit l’individu dans une spirale de consommation solaire  non maîtrisable, répondant ainsi à la notion d’addiction solaire. Nous sommes dans  un dynamique esthétique HEDONISTE, relevant de la culture de « l’IMMANENCE ». L’Homo Sapiens est l’animal du toujours « PLUS » et de plus en plus tôt. Nous  sommes  contaminés par ce pandémisme esthétique, impactant de plus en plus précocement les jeunes sous influence. Cette  attitude est validée chez les jeunes adolescentes aux USA ; 14,7 ans est l’âge moyen de la première séance  d’UV artificiels5, soit moins d’un an avant la première ivresse et le premier joint, 16/18 ans pour la première intervention chirurgicale esthétique, nous consommons 50% de notre capital solaire  avant 2O ans. A consommation solaire précoce, massive, abusive, vieillissement cutané  précoce et apparition  prématurée des cancers cutanés, telle sera l’addition à payer.   Le temps sociétal accélère  notre maturation physiologique, et précipite notre chronobiologie cérébrale dans le sens de cette appétence jouissive précoce à haut risque sanitaire.  Le scénario est le même, que l’addiction soit chimique ou comportementale. Nous assistons à la mise en place d’une triade infernale et reproductible : consommation de plus en plus précoce, abus consenti et dépendance délétère. La Peau en est une cible potentielle, organe  ô combien existentiel, elle exprime à ciel ouvert le manuscrit éphémère de notre existence, la surface signe la réalité profonde. Notre message est de vous inviter à ne pas vous immiscer dans la spirale addictive qu’elle que soit  sa nature.

Patrick Moureaux

1.     Gilles Lipovetsky, Le bonheur paradoxal, folio essais, 2011

2.   Michel Maffésoli, L’homme postmoderne, éditions Bourin, 2012

3.5 .  Patrick Moureaux, Aymeic Petit, Jean-Marc Bonnet-Bidaud, A

lain Froment, Le Soleil dans la Peau, éditions Robert Laffont, 2012

4.     Paul Virilio, Le Grand Accélérateur, éditons Galilée, 2010

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